Souvent confondu avec les tubifex, le blackworm s’en distingue par un comportement à la fois moins fouisseur et moins grégaire. C’est un ver beaucoup plus commun en aquarium et omniprésent dans la nature. Sa distribution est essentiellement palearctique. Quelques espèces sont natives d’Amérique du Nord, d’autres sont rencontrées sous les tropiques et dans l’hémisphère Sud, mais il s’ agit là probablement de souches introduites.
C’est un ver qui fait entre 50 et 80 mm pour 200 à 300 segments et jusqu’à 1.5 mm d’épaisseur, de couleur rouge plus ou moins sombre avec des reflets irisés verts au niveau de la tête. Les soies courtes ne sont visibles qu’au microscope mais l’identification n’est pas compliquée. Dans la nature il peut être confondu avec Stylodrilus heringianus dont les individus matures possèdent un clitellum développé et deux pénis charnus visibles à l’œil nu. Il existe de plus au moins trois espèce cryptiques au sein de Lumbriculus variegatus, impossibles à distinguer selon des critères anatomiques, dont une est quadriploïde.
A la différence des tubifex qui vivent toujours la tête plantée dans le substrat, le blackworm est un nomade que l’on rencontre volontiers rampant dans la végétation et les débris où il consomme essentiellement des diatomées pendant la belle saison. Il peut néanmoins adopter un mode de vie similaire à celui des tubifex, mais il ne construit pas de tubes et ne se balance pas de manière rythmique. Menacé, un groupe de blackworms va se disperser et non se contracter. Il peut se retourner et fuir très vite s’il est touché à la tête et il est également capable de nager en adoptant une forme de tire-bouchon caractéristique. Bien que totalement aquatique, Lumbriculus variegatus peut respirer de l’air et va chercher à exposer la partie dorsale de queue, très irriguée et hydrophobe, à l’interface eau-air lorsque cela est possible.
Le blackworm se reproduit essentiellement de manière asexuée. Une partie de sa queue va s’amincir, se casser et former une nouvelle tête. La reproduction peut être aussi accidentelle: les crevette ont pour habitude de manger un ver, qui laisse sa queue à son prédateur comme un lézard (autotomie) . Rassasiée la crevette abandonné le reste non consommé de la queue qui peut redonner un individu complet. De même ce ver très fragile peut se casser quand il est manipulé par l’homme et se régénérer en autant d’individus que de fragments, du moment que ceux ci fassent au moins trois segments. Ce mode de reproduction est appelé architomie. Les nouveaux individus mettent plusieurs jours à cicatriser durant lesquels ils ne se nourrissent pas.
Nourriture vivante
Lumbriculus variegatus est très apprécié des poissons, rarement vendu comme nourriture vivante en Europe mais à été très commun aux USA. Il est très gras, parfait pour remettre d’aplomb un poisson malade, mais ne devrait pas être la source de nourriture principale.
Il s’élève facilement en sympatrie avec Asellus aquaticus dans une eau fraîche, sur du papier, un substrat sableux, de la sphaigne ou encore de la ouate de nylon. Le papier nourrit les vers mais finit par polluer l’eau et rend la récolte difficile. Le sable et la sphaigne sont les milieux de croissance de prédilection dans la nature mais ne permettent pas non plus une récolte facile. La ouate ne se décompose pas et permet une récolte aisée. Les vers grandissent rapidement à 15°C, à 20°C ils se reproduisent beaucoup mais se nourrissent peu et grandissent peu. Une température fraîche, entre 15 et 20 ° permet d’avoir à la fois une bonne croissance et une bonne reproduction. La biomasse de la culture peut doubler en deux semaines.
Références
- Importance of algae in the diet of the oligochaetes Lumbriculus variegatus and Rhyacodrilus sodalis (James W. Moore 1978)
- Introduction pratique à la systématique des organismes des eaux continentales françaises – 3. Annélides Oligochète (M. Lafont 1983)
- Morphallaxis in an aquatic oligochaete, Lumbriculus variegatus: reorganization of escape reflexes in regenerating body fragments (Charles D. Drewes & Charles R. Fourtner 1990)
- Giant nerve fibers and rapid escape reflexes in newly hatched aquatic oligochaetes, Lumbriculus variegatus (C.D. Drewes & R.O. Brinkhurst 1990)
- Tell-tail Adaptations for Respiration and Rapid Escape in a Freshwater Oligochaete (Lumbriculus variegatus) (Charles D. Drewes 1990)
- Factors affecting feeding rate, reproduction and growth of an oligochaete Lumbriculus variegatus (Matti T. Leppänen & Jussi V.K. Kukkonen 1998)
- Relationship between reproduction, sediment type, and feeding activity of Lumbriculus variegatus: Implications for sediment toxicity testing (Matti T. Leppänen & Jussi V.K. Kukkonen 1998)
- Autotomy reflex in a freshwater oligochaete, Lumbriculus variegatus (Nalena M. Lesiuk & Charles D. Drewes 1999)
- Helical swimming and body reversal behaviors in Lumbriculus variegatus (Charles D. Drewes 1999)
- Regeneration and asexual reproduction share common molecular changes: upregulation of a neural glycoepitope during morphallaxis in Lumbriculus (Veronica G. Martinez et al. 2005)
- Behavior, growth, and reproduction of Lumbriculus variegatus in different sediment types (A.M. Sardo et al. 2007)
- Analysis of cell proliferation and migration during regeneration in Lumbriculus variegatus (Kay A. Tweeten & Amy Anderson 2008)
- Genetic variation in the popular lab worm Lumbriculus variegatus reveals cryptic speciation (Daniel R. Gustafson et al. 2009)
- Alternative Substrates for Culturing the Freshwater Oligochaete Lumbriculus variegatus (Peter J. Lasier 2009)
- Guide taxonomique des oligochètes dulçaquicoles du Maghreb (P. Martin & A.A. Boughrous 2012)
- First record of introduced species Lumbriculus variegatus in Brazil (Mercedes Rosa Marches et al. 2015)
- Thorp and Covich’s Freshwater Invertebrates – Chapter 21 – Clitellata: Oligochaeta (Tarmo Timm & Patrick J. Martin 2015)